Louise Desrenards on Sun, 18 Apr 2004 13:01:12 +0200 (CEST) |
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[nettime-fr] La révolution à l'ordre du jour : Hardt & Negri: La nouvelle Magna Carta |
Pourquoi la Nouvelle Magna Carta est un chantier, où comme toi je peux mettre les pieds... On n'en peut plus de lire les bêtises qui traversent les listes multilingues à propos de la publication de Michael Hardt et Antonio Negri dans Global agenda... si jusque là nous pouvions avoir des doutes sur le révisionnisme post marxiste-léniniste, ici et là, nous en voyons le spectre soudain révélé - plutôt par égarement et par compilation que par volonté. Tous les malentendus étant manifestes, ils appellent quelque mise au point... Je dirai même : heureusement qu'un soufle d'ironie au carrefour de Spinoza et de Machiavel nous arrive en pleine figure, sinon ce serait à mourir d'ennui ou de désespoir que persister en hypothèse révolutionnaire dans le monde d'aujourd'hui après la fin des utopies réalisées - toutes dictatures confondues, y compris le néo-libéralisme saisi de démocratie pourtant révélé globalement totalitaire. La question de "La nouvelle Charte" proposée de façon insolente et provocante par Hardt et Negri ne relève pas de l'opinion, ni de la sensibilité politique, mais d'un effort de codification, innovant sa structure. C'est la proposition d'un nouveau code de la valeur qui ne serait pas fondé sur l'économie, mais sur la philosophie des rapports sociaux des diversités, de leurs ressources, de leurs masses critiques, à tous les échelons micro et macro planétaires et visant la mise à distance convenable des pouvoirs. Nous sommes soudain confrontés à une structure rompant avec le modèle dialectique par l'effet de la multitude, qui s'étant imposée d'elle-même comme chaos, soudain s'énonce comme règle, concept organique de la multitude générant non des rapports de force mais des relations philosophiques entre les événements, leurs topologies et leurs protagonistes. La pertinence du code de la valeur - la critique de l'économie politique et consort (jusqu'à la critique de l'économie politique du signe et l'économie libidinale) qu'il s'agisse des rapports de production ou de l'argent (théoriquement équivalence générale du code de la valeur dans le cadre de l'économie politique), est hors équivalence, dépassée : hors code - hors valeur. ... Si tant est que ce code ne fut pas encore prescrit en politique des luttes, son pacte était néanmoins rompu depuis longtemps, visiblement, prescrivant le dynamisme révolutionnaire lié à la production dans les pays qui n'avaient pas fait leur révolution socialiste radicale, dynamisme révolutionnaire autrefois prêté à juste titre à la classe sociale productive, apporteuse les profits et du progrès technique - et du progrès social par analogie : le prolétariat - aujourd'hui, le travail précaire. Il y a plus : le déclin du positivisme technique à l'horizon de ses catastrophes annoncées, dont la raison technique, que d'aucuns poursuivent pourtant d'avancer en attendant de meilleurs jours (quand chaque jour se révèle pire pour le monde). Ni sociale démocratie, ni réformisme : la Nouvelle Charte s'écarte de l'économie et innove les règles au dessus de celles qui la précèdent - ou les traverse sans que l'innovation de sa propre diversité, lui étant pour partie exogène, en soit affectée. Ce n'est pas le rond point, c'est le carrefour et ce qui le traverse lui donne une langue. Non seulement l'intégration sémiotique, à "x" niveaux de diversité, l'extrait définitivement du miroir kaleidoscopique de la production, mais encore l'objet même de ce modèle n'étant plus l'économie politique, sinon la coexistence duale des contadictions de toutes sortes, le portent à la résolution des points de frottement, non de leur substance, innove globalement une autre époque sans ingérence. Celle du paradigme de la multitude. Le propre historique s'il en est, de ce paradigme, rompant avec celui de la critique de l'économie politique qui imposa "Le capital" pendant deux siècles, prend acte de ne pas reproduire son système de référence universel, disparu au terme de l'ère moderne dans l'avènement sans contrepartie du néo-libéralisme comme pouvoir, et dans le déclin du communisme majoritaire. On passe à un niveau élevé de la citoyenneté globable et locale. Si l'objet est le dépassement de la question de la valeur par un saut qualitatif pour l'élévation de la double citoyenneté globale et locale, ce dépassement s'opère loin de la valeur d'usage et de la valeur d'échange, disons sans s'en préocuper ni même sans la dénier (ce n'est pas le problème de ce code), dans une métapolitique de la diversité de la culture, des pouvoirs, des ressources, et des convenances du mode de vie, sans soumission. Ce texte se préocuppe d'abord non des projets (toujours entachés du vieux code de la valeur) mais des réalités du monde qui nous intègre, agi sans délai. L'état du monde est tel sous la pression américaine et l'administration des organisations mondiales non élues au suffrage universel pourtant sans conteste, de la monnaie (sans conteste), de la dette (selon qui la doit), ou de l'évaluation catégorielle en termes de PNB et de PIB, contrôlé par l'appropriation des ressources primaires elles-mêmes, désertifié ou écologiquement modifié par la prescription des modes de production, appellent des solutions intelligentes et prudentes et surtout pas l'utopie matérialiste universelle que la proposition de la Charte resitue en mémoire - mais sans rien lui devoir. C'est la sutructure organique d'un paradigme révolutionnaire métapolitique dévoilé en pleine activité, sa propre démonstration à l'image de sa capacité d'interprétation des solutions dans le fonctionnement appliqué ; si vous référez au marxisme-léninisme qui a donné le modèle du parti et de l'avant-garde influençant la masse, critiqué dans cette démarche non en discours mais en fait, comme Marx autrefois critiquant l'économie politique capitaliste fut au contraire à l'origine du manifeste du parti communiste, vous ne pouvez manquer le nouveau code de la valeur au delà de l'économie qui est proposé là ; elle n'y est qu'un élément voué à la puissance de la diversité. La complexité de la masse critique et de l'entropie des projets sous l'emprise de l'économie, même les "meilleurs" qui se réalisent est manifestement incertaine, sinon fatale, y compris le schéma dialectique devenu incapable d'arraisonner l'entropie voir l'accroissant, dans ce cadre A. Negri et M. Hardt proposent de rompre avec le projet global sinon divers - passent à l'acte intégré de la fin et des moyens, en atopie. Bien sûr cette structure du discours comme paradigme issu du modèle sémiotique intègre aussi la mémoire de ses références et c'est d'aileurs ce qui lui procure toute sa possibilité représentative et partie de sa puissance. Enfin, à rompre avec les millénarismes. C'est le paradigme même de la multitude - et de sa complexité active ! libre - non libérale : il n'a rien à donner mais tout à exiter agissant, au sens premier de la politique - la vie de la cité, elle-même. Pour les références éclairantes, quelques notions simples permettraient à chacun de discerner aux sources du marxisme et de l'économie politique qu'il a critiqué, née au XVIIIè siècle à travers des penseurs comme Adam Smith, confrontée aux philosophies matérialistes primitives. Je ne veux pas donner de leçon n'étant moi-même qu'une empirique, dotée de quelque expérience pragmatique eu égard à l'âge dans l'histoire de la fin de la modernité ; je voudrais simplement susciter une attention plus culturelle que philosophique ou scientifique quoique clairement politique, à propos de la question de la nouvelle Magna Carta, loin des théories critiques expertes, la proposition de l'ordre des nouveaux samouraïs fait son eau comme l'eau - de la combinaison de ses éléments en mémoire. Sans vouloir arraisonner la part du hasard. Justement, si la proposition de Hardt et Negri provoque tant de désarroi autour d'elle, c'est que déplaçant le dispositif politique de référence, elle innove la métapolitique d'un paradigme en atopie qui change absolument de niveau, et sans avoir à s'en expliquer, à cause de son principe même : il prescrit l'idéalisme et l'éthique qui fondent les projets comme en croyance. Ce saut qualitatif donne "un coup de pied à la lune" (le modèle révolutionnaire marxiste-léniniste voire althussérien et ses palanquins sacrés): pour autant, est-il contre-révolutionnaire ? Savoir les vertus nouvelles de ce paradigme suppose quelque retour sur nos us et coutumes "de gauche" voir "d'extrême gauche" et sur l'histoire moderne et post-moderne de la valeur. Pourquoi ? Parce que la proposition de Hardt et de Negri, à la lueur du code de la valeur qui a constitué nos références majeures, paraît informer un autre code de la valeur lequel, lui, ne relève plus dela croyance en un bien ou un mal, ni de la pureté de la technique. Qu'est-ce à dire ? Sait-on aujourd'hui ce que signifie en premier terme, pour la Cité, le mot "révolution", avant même la question de la prise du pouvoir et des moyens de lutte - a fortiori sans même se demander quelle couche sociale diversifiée se désignerait à l'avant-garde, si l'on considèrait cela encore pertinent ? Ce n'est pas la valeur qui nous délaisse, mais la valeur révolutionnaire de la production, dans le dispositif de la critique marxiste de l'économie politique, pour valeur d'elle-même. Or, la révolution en premier lieu n'est rien d'autre qu'une disposition soudaine et renversante de la culture, au contact d'une "révélation" scientifique, sociale, etc... : c'est le changement du code de la valeur. Quelle est cette soudaine valeur qui soulève tant d'animosité ? Précisément, répétons-le, le code moderne de la valeur est celui par lequel Marx a inventé un code révolutionnaire au XIXè siècle, comme dispositif critique de l'économie politique (le modèle matérialiste de l'économie capitaliste, de légitimation "naturelle" de la division sociale du travail et de la propriété des ressources à l'ère industrielle, imaginé entre autre par Adam Smith au XVIIIè siècle), modèle critique notamment de la nature, actif jusqu'à la fin du XXè siècle et au-delà. Code marxiste suffisamment prédictif et dynamique pour devenir le code représentatif du temps suivant (le nouveau code de la valeur tel que tous, y compris les économistes du capitalisme éclairé parvenu à une étape du progrès social au XXè siècle, l'intégrèrent comme pertinent). Le génie de Marx consiste à avoir défini dans son temps cette critique renversante des réalités capitalistes industrielles, dans un code d'évaluation relatif des éléments du système de production, qui installe la reproduction technique. Ces éléments sont "vus" comme des forces en présence, qu'il met en rapport dialectique, par lequel l'ensemble se dynamise et évolue vers les temps futurs, cadrant le projet social. La réalisation de l'utopie matérialiste (économie du travail, distribution des ressources, et leur reproduction) égalitariste et universaliste, par raison non par nature (par quoi la raison elle-même prend statut dans la technique, comme extension des ressources humaines - voire la "dialectique de la nature" de Engels). Si j'indique le statut technique de la pensée chez Marx, c'est qu'on y décèle le point de vue de la gestion économique des hommes et de leurs ressources, à l'égal de toutes les utopies modernes matérialistes (y compris fascistes), système objectif délirant, dans la perspective de sa reproduction, que ce soit sous l'autorité humaine de l'affirmation de son principe, ou sans autorité, par sa généralisation spontanée - la valeur signe et le miroir de la production, la masse critique, etc...), appliqué à la gestion des hommes et des ressources. Ce modèle s'est révélé pragmatiquement totalitaire, en plus de l'universalisme idéologique de la technique et de l'utopie qu'il sous-tend. En quoi l'économie libérale et néo-libérale, serait-ce par nature plutôt que par raison, recourant à la nécessité universelle de la gestion et du profit par les moyens techniques experts, l'est aussi ? Personne ne pourrait ne pas le ressentir ou l'avoir éprouvé directement ou indirectement aujourd'hui, qu'il s'agisse de la gauche ou de la droite au pouvoir, agissant le même modèle économique, à quelques variantes près. Et d'ailleurs, personne n'a jamais nié que la fin de l'hypothèse marxiste, sa "promesse" sociale, fut vraiement différente de celle au terme de l'hypothèse d'un des fondateurs du libéralisme que fut Adam Smith (grâce à "la main invisible" du Marché, en lieu et place de l'Histoire) ? Ou encore Dieu, ou l'"esprit" de la multitude, chez Spinoza - pressenti dans l'émergence matérialiste de Gianabattista Vico ? Quant à la technique (il en va de même pour l'expertise), comme moyen de parvenir à la société idéale : dans le dispositif symbolique de l'utopie qui accompagne le code de la valeur moderne, l'évolution du progrès technique ne suppose pas la récession écologique des conditions de vie, même pas dialectiquement, par effet du retournement critique du développement de la production industrielle, duale, jusqu'à la réalisation exclusive de l'entropie du progrès ; puisqu'en "technique", l'évolution du genre humain comprend, en outre de l'extension des possibilités humaines, dont partie d'accomplissement de la puissance, la disparition de l'esclavage et le remplacement du travail aliéné ou destructeur par la machine ; la machine par conséquent mène au bonheur. Ici résident deux points de débat sur la poursuite de la quête de progrès technique, après en avoir connu ses excès matériels, et sur les recherches de solution par les techno-sciences qui en poursuivent le cours sans prise en compte des expériences précédentes. Quelles sont les variantes entre libéralisme et communisme et pas des moindres, aux confins du libéralisme et du marxisme primitifs ? L'importance du prolétariat, au premier plan des forces productives, redouble le dispositif marxiste d'une attribution révolutionnaire (en plus de la critique) ; élément représentatif du système de progrès et de profit, valeur prolétarienne nouvelle et contradictoire avec la hérarchie sociale sous laquelle il travaille, le prolétariat est désigné (missionné) pour être la classe menant au renversement du système politique et social. La révolution par le renversement de l'Etat est la principale différence entre le projet libéral et le projet marxiste. Le prolétariat attribué de la plus-value, source des profits de la production, et porteur du savoir technique, dans le cadre d'un projet de production équivalente au progrès technique, - vers l'égalité, la fraternité, la solidarité, et le "progrès" du genre humain, etc. - ne doit pas répugner de prendre le pouvoir et le tenir serait-ce par la force, dans une première phase. Le recours à la dictature du prolétariat, provocant la rupture sur la question des moyens et de la fin, dans l'Internationale des travailleurs, ne devait être qu'un épisode nécessaire de la prise du pouvoir en vue de réaliser le communisme, et devait connaître son déclin au terme du "dépérissement de l'Etat"... où prend place l'importance de Lénine, mais ce n'est pas ici notre propos. On en reste aux banalités de base du marxisme. Ce que Marx et Engels n'avaient pas prévu - ou ces rusés l'ayant pressenti, ils ne nous en prévinrent pas - c'est que la fin de la dictature du prolétariat révélerait non le communisme mais la généralisation du libéralisme, l'autre utopie qui en marge des révolutions filait son chemin, (née aux siècles précédents en Angleterre). Cette dernière évolution est tout autant imputable à la reproductibilité technique dans les pays industrialisés capitalistes, à travers le devenir signe de la marchandise, qui traça l'autre histoire du code de la valeur assigné à sa fin, que par suite, en économie capitaliste, le prolétaire fut intégré en consommateur (de son propre travail, par conséquent), pour en tirer ce nouveau profit, à son double dépens. Ce que Marx et Engels avaient moins prévu encore, c'était d'autre part, qu'au-delà de sa révélation mondiale, le libéralisme parvenu à l'âge du néo-libéralisme manifesterait sa propre capacité de dictature globale (disons plutôt un totalitarisme forçant l'ordre résistant du monde) à la fin de l'économie politique, inversement de la dictature du prolétariat imaginant son terme dans le communisme après la disparition de l'Etat ; dictature hors code des organisations supranationales, des lobbies, et des sectes qui serait attribuable, peut-être, à la structure de contamination du système libéral, tendant à la totalité par sa reproduction à l'image de l'argent hors équivalence, et ayant atteint la limite planétaire ou presque, il devrait donc absorber les dernières économies critiques, serait-ce par la guerre et pour les rendre transparentes : en réalité s'agissant d'intérêts obscurs qui s'approprient les ressources et la décision des approvisionnements. Où l'on voit la diversité entrer en coefficient d'entropie révolutionnaire - peut-être ? Pour en revenir à la valeur de l'activité productive désignée par Adam Smith comme une richesse supérieure à l'accumulation simple, Marx, préoccupé par la question révolutionnaire dans ses moindres délais, ne tenait pas la valeur de la distribution de la marchandise comme immédiatement déterminante quoique prédictive peut-être, sinon en termes de réalisation de la valeur d'usage en valeur d'échange et en quoi, là encore, il ne différait pas notoirement de Smith ; il n'imagina probablement pas l'autonomie que prendrait la marchandise à travers sa reproductibilité technique et la persistance symbolique, par rapport au code de la production, puisque la révolution en modifierait le cours, donc sans concevoir la possibilité en amont de l'émergence de la valeur-signe des objets manifestant l'éclatement du code d'équivalence généralisée fondé sur la monnaie (l'argent) devenant elle-même hors code. Des intégrations sémiotiques, on peut en faire un micro-système par exemple concernant les questions locales... Daniel Vaguelsy, mathématicien et statisticien, était revenu sur le modèle dialectique, en quête de renouvellement paradigmatique ; il avait lui-même produit un dispostif de résolution sémiotique, qu'il commençait tout juste à utiliser dans ses missions de consultant avec les syndicats et leurs partenaires. Ce modèle actif, nous en avions publié dans "L'observatoire de la télévision", le magazine de Nathalie et Léo Scheer, il y a cinq ans ; travail présxenté aux Etats-Unis mais qui n'a pu être développé, son protagoniste ayant prématurément disparu. Est-ce la raison pour laquelle je n'ai pas manqué de regarder attentivement ce texte de Hardt et Negri ? Quoiqu'il en soit, quant à moi je le prends pour un texte révolutionnaire au sens propre, ne manifesterait-il pas les flonflons du pouvoir à prendre mais à se donner soi-même ; car il manifeste ce que nous voulons, nous libérer de la menace et des pressions mortifères, donner lieu à notre énergie positive par notre liberté de penser et d'agir, sans cesser de coexister et de connaître, et faisant de la solidarité une réalité quotidienne, pas un tabou ni une source de revenu à l'usage de la technocratie ou de l'oligarchie... Créer le monde tel que nous pouvons l'aménager nous-mêmes. Demander à Hardt et à Negri l'aveu de leur bibliographie - on peut l'imaginer de l'Italie à la France en passant par l'Allemagne, l'Angleterre et pourquoi pas les anarchistes Russes qui aidèrent tant la lancée des soviets, et les conseillistes qui autant qu'ailleurs furent exterminés (aux Etats-Unis, il n'y a pas eu que la Commmune de Chicago). Et toute l'histoire révolutionnaire depuis le XIXè siècle, au fond, puisque leur modèle confirme enfin que nous sommes au-delà, sans dénier les sources et sans les fétichiser... La "Nouvelle Magna Carta", oui, c'est rudement mieux que la proposition partisane, nécessairement révisionniste ou en montée de pouvoir dogmatique, que le mouvement de la paix (pourtant, ne démobilisonbs pas !) et du mouvement global altermondialiste ( il faut continuer, puisque c'est plus fort que tout ;-) parce qu'en plus, elle contient en respectant leurs différences, une révolution, qui n'est pas réplicable du libéralisme, qui crée son effet propre. Tout ce que vous pensez ou désirez y mettre globalement et localement semble possible - même d'en concevoir d'autres, appliquées à résoudre d'autres antagonismes et sans la menacer - même les "précaires et les intermittents", pourvu qu'on ne nous en fasse pas le monde entier, ni la simulation d'un cas de révolution prolétarienne, pourvu qu'on n'en profite pas pour nous balancer le mouvement des chercheurs agi sous le mandarinat du contrôle contre la traversée des disciplines, sauf les techno-sciences pour vérité scientifique desmodifications imposées à notre vie, qui porte un nom voisinant bien avec le révisionisme : le réductionisme. Le paradigme de la multitude ils le tiennent enfin, ils l'ont trouvé. (N'oubliez pas, "les mecs", d'ajouter la Communication virtuelle, qu'on nous dérobe !) CONTRE LA L.E.N. ET LE CONTROLE EN EUROPE ! CONTRE L'EXTRADITION DES REFUGIES POLITIQUES ! VIVE LA REVOLUTION DE L'INSTANT / INSTANT REVOLUTION! !) Je propose qu'on fasse traduire le texte de Negri et Hardt en plusieurs langues et qu'on le fasse signer en ligne, sans pseudo, et d'autre part par écrit, pour qu'ils le tiennent en manifestation virtuelle, devant l'ONU. QUI S'EN OCCUPE ? Aliette Guibert http://www.criticalsecret.com ==== Reference: > > http://www.globalagendamagazine.com/2004/antonionegri.asp [orig.] > > > > Why we need a multilateral Magna Carta > > Michael Hardt and Antonio Negri > > > > > > > > It is becoming increasingly clear that a unilateral or "monarchical" > > arrangement of the global order - centred on the military, political > > and economic dictation of the United States - is undesirable and > > unsustainable. > > > > The crisis of this arrangement presents the opportunity for the > > proposition of a new global order by the "global aristocracies" - that > > is to say, the multinational corporations, the supranational > > institutions and the other dominant nation states. > > > > The primary challenge facing these global aristocracies is to > > reorganize the global system in the interest of renewing and expanding > > the productive forces that are today thwarted by poverty and > > marginalization. To do this, a new agreement is needed - a Magna Carta > > contract for the age, that today's aristocracies are in the position to > > demand of the monarch. > > > > Imperialism, in our view, is no longer possible today. In other words, > > no nation state, not even the United States, is capable of acting as a > > sovereign power to rule over the global order. > > > > Furthermore, the contemporary global order will not be defined by the > > competition among imperialist powers, as it was during much of the 19th > > and 20th centuries. A new form of sovereignty is emerging today - a > > properly global sovereignty, which we call Empire. > > > > We use the term Empire in part because the new structures of power > > resemble those of the ancient Roman Empire. Specifically, the new > > global sovereignty is characterized, as it was in ancient Rome, by the > > constant collaboration and interplay between the "monarchy" and the > > "aristocracy". > > > > This means that the United States cannot act independently as a global > > monarch and "go it alone," dictating the terms of global arrangements > > in military, political, economic or financial terms. > > > > The United States must rather collaborate with the other dominant > > nation states, the multinational corporations, and the supranational > > institutions that compose the global aristocracies. Today's imperial > > sovereignty, in other words, cannot be dictated by Washington (either > > the Pentagon or the International Monetary Fund), but must result from > > the collaboration among the various dominant powers. > > > > We think of this Empire as a network form of power in that there is no > > single centre, but rather a broad set of powers that must negotiate > > with each other. Our hypothesis, then, is that this Empire is an > > emerging tendency and that, for those in power, it is the only form in > > which contemporary global hierarchies and order can be maintained. > > > > When we claim that this new global imperial form of sovereignty is > > emerging, we should be clear: this does not mean that nation states are > > no longer important. Too often discussions about global power fall into > > an either/or fallacy: one person says that, since global power > > structures are emerging, nation states are no longer important; the > > other says that, since nation-states continue to be important, there > > are no global power structures. > > > > The aim of our concept of Empire, instead, is to recognize that nation > > states are still powerful (some, of course, more than others), but that > > they tend today to act within a new form of global sovereignty that > > includes, in addition to nation states, various other powerful actors > > including corporations and supranational institutions. > > > > Our hypothesis of Empire can be confirmed negatively by the clear > > failure of unilateralist policies in a variety of fields. Most obvious > > is the failure of the unilateralist military strategies pursued by the > > US government particularly in the past two years. > > > > Even in strictly military terms the US campaigns in Afghanistan and > > Iraq are proving incapable of meeting the minimum objectives of > > security and stability. On the contrary, they are creating increasing > > conflict and strife. > > > > Moreover, the global state of war and conflict created by the > > unilateralist military policies has had strongly detrimental effects on > > the global circuits of production and trade. One might say, in summary > > fashion, that the unilateralist armed globalization pursued by the > > United States has raised new boundaries and obstacles, blocking the > > kinds of global economic networks that had been created in the previous > > decades. > > > > Another kind of unilateralist strategy that has failed is the > > imposition of neoliberal economic regimes, characterized by the > > mandates to cut public welfare programmes to a minimum and privatize > > public industries and healthcare. > > > > The so-called "Washington Consensus" and the policies dictated by the > > IMF, which amount to a kind of economic unilateralism, have been > > promoted strongly by the United States and often go hand in hand with > > its unilateralist military actions. > > > > These economic and financial policies have for decades come under > > heavy criticism, but the economic disasters in southeast Asia in 1997 > > and Argentina in 2000/01 (two areas previously considered shining > > examples of neoliberal success) have confirmed the crisis of the > > economic model. > > > > The most general indication of the limitations of the global > > neoliberal economic regime is that it engages such a small fraction of > > the productive potential in today's world. Large and growing portions > > of the global population live in poverty, deprived of education and > > opportunities. Numerous countries are plagued by national debts that > > drain vital resources. It is increasingly clear, in fact, that the > > majority of the world is excluded from the primary circuits of economic > > production and consumption. > > > > Some scholars have thus begun to claim that within the present > > neoliberal economic regime large portions of the global population are > > "disposable", as if the economic system were sustainable but immoral. > > > > They maintain that the exclusion of large populations is what makes > > the system functional. This fact explains for them the seeming > > indifference to large-scale poverty and even high mortality rates due, > > for example, to the spread of Aids in Africa. > > > > Our view, rather, is that the economic exclusion and marginalization > > of large populations are indications of the failure and > > unsustainability of the neoliberal regime. No economic system can > > continue while suffocating the productive potential of such a large > > portion of the population. > > > > The failure of neoliberalism, in other words, makes inevitable the > > task of creating a new productive system with the means to realize > > better the productive potential present in the world today. > > > > This is the moment of the Magna Carta. Remember from English history > > that in the early 13th century King John could no longer pay for his > > foreign military adventures and could no longer maintain social peace. > > > > When he appealed to the aristocracy for funds and support, they > > demanded in return that the monarch submit to the rule of law and > > provide constitutional guarantees, and thus they drafted the Magna > > Carta. > > > > The monarch, in other words, agreed to abandon a strictly > > unilateralist position and collaborate actively with the aristocracy. > > Our global "monarch" is faced with a comparable crisis today - unable > > to pay for its wars, maintain peaceful order and, moreover, provide the > > adequate means for economic production. > > > > Our "aristocracies" are thus in the position, in return for their > > support, to demand a new social, political, and economic arrangement - > > a new global order. > > > > What would be the content of a new global Magna Carta today? Peace and > > security are obviously important objectives. Putting an end to > > unilateralist military adventures and the seemingly interminable state > > of global war is a fundamental condition. > > > > It is also important, however, to renew global productive forces and > > bring the entire global population into the circuits of production and > > exchange. Priorities such as eliminating poverty and absolving the > > debts of the poorest countries would not in this context be acts of > > charity, but efforts aimed at realizing the productive potential that > > exists in the world. > > > > Another priority would be reversing the processes of privatization and > > creating common access to necessary productive resources - such as > > land, seeds, information, and knowledge. Making resources common is > > necessary for the expansion and renewal of creative and production > > potentials, from agriculture to internet technologies. > > > > We can already recognize some movements that can indicate a path > > toward the creation of such a new Magna Carta. The demands of the > > "group of 22" at the Cancún meetings of the WTO for more equitable > > agricultural trade policies, for example, is one step towards reforming > > the global system. More generally, the international alliances > > tentatively articulated by Lula's government in Brazil within Latin > > America and more broadly indicate possible bases for global > > reconstruction. > > > > Taking the lead from the governments of the global South in this > > manner is one way for the aristocracies to orient their project of the > > renewal of productive forces and energies in the global economic > > system. > > > > A second source of orientation is provided by the multitude of voices > > that protest against the current state of war and the present form of > > globalization. These protestors in the streets, in social forums and in > > NGOs not only present grievances against the failures of the present > > system, but also numerous reform proposals ranging from institutional > > arrangements to economic policies. > > > > It is clear that these movements will always remain antagonistic to > > the imperial aristocracies and, in our view, rightly so. It might be in > > the aristocracies' interest, however, to consider the movements as > > potential allies and resources for formulating today's global policies. > > > > Some version of the reforms that these movements demand, and some > > means to incorporate the global multitudes as active forces, are > > undeniably indispensable for the production of wealth and security. > > > > The most progressive governments of the global South and the > > globalization protest movements are some of the existing forces that > > can orient a project of renewal. A new Magna Carta would offer an > > alternative to our failed unilateralist regimes. > > > > Michael Hardt/Antonio Negri > > ___________________________________________ > > http://rekombinant.org > > http://rekombinant.org/media-activism < n e t t i m e - f r > Liste francophone de politique, art et culture liés au Net Annonces et filtrage collectif de textes. <> Informations sur la liste : http://nettime.samizdat.net <> Archive complèves de la listes : http://amsterdam.nettime.org <> Votre abonnement : http://listes.samizdat.net/wws/info/nettime-fr <> Contact humain : nettime-fr-owner@samizdat.net