nicolas maleve on Wed, 14 Apr 2004 19:01:49 +0200 (CEST)


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[nettime-fr] BRussells Tribunal


http://www.brusselstribunal.org/


Une remise en question du Nouvel Ordre Impérial
Un tribunal international sur le Project for the New American Century (PNAC)
et sa mise en oeuvre par le cabinet de guerre du président Bush lors de
l'invasion de l'Iraq

ENGLISH | NEDERLANDS | FRANÇAIS

Synopsis

Le BRussells Tribunal est un comité d’audience composé d’universitaires,
d’intellectuels et d’artistes, dans la tradition du Tribunal Russell, créé
en 1967 pour enquêter sur les crimes de guerre commis durant la Guerre du
Vietnam. L’audience aura lieu les 14- 17 avril 2004, au Beursschouwburg et
aux Halles de Schaerbeek, à Bruxelles. Le Tribunal sera présidé par le
Professeur François Houtart, l’un des pères fondateurs du Forum social
mondial de Porto Alegre. Ce Tribunal s’oppose à la guerre en Irak et à
l’impérialisme guerrier prôné par l’administration Bush II. Il s’attaquera
principalement au PNAC (« Project for a New American Century », Projet du
nouveau siècle américain), le groupe de réflexion néoconservateur qui
soutient cette guerre, et en particulier aux trois co-signataires de sa
déclaration de mission: Donald Rumsfeld, Dick Cheney et Paul Wolfowitz.
Ceux-ci sont en effet le lien physique entre le discours et la mise en
pratique brutale du nouvel ordre impérial, énoncé dans le PNAC.

Historique

Juste avant le début de la guerre en Irak, une pétition, signée par
quelque 500 artistes, écrivains, intellectuels et universitaires, dont
Julia Kristeva, Richard Plunz, Irving Wolfharth, Anne Teresa De
Keersmaeker, Hans Ulrich Obrist et François Houtart, avait été lancée.
Elle en appelait à la morale et, si possible, à une action en justice
contre le « Projet du nouveau siècle américain » et les autorités
responsables de la guerre contre l’Irak. Elle fut publiée le 21 mars (le
lendemain du déclenchement des hostilités) dans deux quotidiens belges, De
Standaard et et De Morgen. Rapidement, on se rendit compte qu’une action
en justice était peu Rapidement, on se rendit compte qu’une action en
justice était peu  probable, puisque les États-Unis avaient persisté à
agir à l’encontre de toute autorité légale susceptible de les menacer, et
ne changeraient manifestement pas de cap.

D’où l’idée de créer un « tribunal moral » qui interrogerait la légitimité
de l’intervention militaire au regard du droit international ainsi que la
responsabilité incombant à la nouvelle politique américaine et aux groupes
de réflexion sur lesquels elle s’appuie, qui restent jusqu’à présent hors
d’atteinte de la justice.

Une large plate-forme, composée de plusieurs organisations culturelles
belges, fut mise sur pied afi n de concrétiser la première proposition de
la pétition, à savoir la création d’un Tribunal de Bruxelles, sur
l’exemple de l’historique Tribunal Russell. À la fi n du mois de juin
2003, lors d’une conférence de réseau organisée par la Fondation Russell à
Bruxelles, on décida qu’une série d’auditions se tiendraient à divers
endroits du monde, avant une séance fi nale à Istanbul. Le Tribunal de
Bruxelles en serait l’une des commissions d’enquête. La Fondation Russell
accepta de soutenir l’initiative, et dans le cadre d’une conférence de
presse qui suivit la réunion, ses représentants annoncèrent : « Une
proposition visant à constituer une commission d’enquête qui culminerait
avec la création d’un Tribunal sur la guerre en Irak a été discutée. Les
parties en présence réexamineront cette possibilité en détail lors d’une
série de  consultations qui auront lieu en Turquie, en Belgique, aux
États-Unis et au Japon ».

Depuis lors, les organisations pour la paix et les associations de
juristes sont nombreuses à avoir rejoint le réseau. L’initiative gagne en
taille et en élan chaque jour. (Vous trouverez ici une liste provisoire
des organisations).

Quelques mots sur le PNAC

L’acronyme PNAC est à la base de la guerre en Irak et de bien d’autres
confl its à venir. C’est au printemps 1997 que les néo-conservateurs
Robert Kagan et William Kristol du Weekly Standard fondèrent le « Projet
du nouveau siècle américain » ( Project for the New American Century,
PNAC). Les signataires les plus célèbres de la déclaration de mission sont
Dick Les signataires les plus célèbres de la déclaration de mission sont
Dick Cheney, Donald Rumsfeld, Jeb Bush (le frère de George W.), Francis
Fukuyama et, dernier mais non le moindre, Paul Wolfowitz, anciennement
professeur de Politique Internationale et doyen du département de
Politique Internationale de l’Université John Hopkins. Son directeur
actuel est Gary Schmitt. Soulignons que nombre de ses membres sont
étroitement liés à l’industrie militaire et pétrolière. Le PNAC se décrit
lui-même comme « une organisation à but non lucratif, éducative, qui vise
à promouvoir le leadership américain mondial».

Sa « Déclaration de principe » est sans équivoque : « L’histoire du XXème
siècle devrait nous avoir appris qu’il vaut mieux infl uencer la marche
des événements avant qu’émergent les crises, et répondre aux menaces avant
qu’elles n’aient des conséquences désastreuses. L’histoire de ce siècle
devrait nous avoir appris à embrasser la cause du leadership américain
mondial » (il s’agit de la doctrine de « l’attaque préventive » et de «
l’hégémonie bienveillante »). Le PNAC s’articule autour d’un programme en
quatre points, qui doit lui permettre d’accomplir sa mission :

    * « Nous devons augmenter considérablement nos dépenses dans le
domaine de la défense si nous voulons assumer aujourd’hui nous
responsabilités mondiales, et moderniser nos forces armées pour
l’avenir » ;
    * « Nous devons renforcer nos liens avec nos alliés démocratiques et
remettre en question les régimes hostiles à nos intérêts et à nos
valeurs » ;
    * « Nous devons promouvoir la cause de la liberté politique et
économique à l’étranger» ;
    * « Il nous faut accepter la responsabilité du rôle unique de
l’Amérique dans la sauvegarde et l’expansion d’un ordre international
favorable à notre sécurité, à notre prospérité et à nos principes ».

En septembre 2000, avant la victoire de George W. Bush aux élections
présidentielles, le PNAC avait publié un rapport fondamental, intitulé «
Repenser les défenses de l’Amérique : Stratégies, forces et ressources
pour un siècle nouveau », dans lequel le groupe déclarait clairement
qu’attaquer Saddam n’était qu’un alibi pour asseoir la suprématie
américaine : « Pendant des décennies, les États-Unis ont cherché à jouer
un rôle plus permanent dans la sécurité de la région du Golfe. Si le
conflit non résolu avec l’Irak fournit une justification immédiate, la
nécessité d’une présence américaine forte dans le Golfe passe avant le
problème du régime de Saddam Hussein» (p. 14). Le rapport préconisait une
modernisation à grande échelle de l’armée, et estimait qu’une enveloppe
annuelle de 15 à 20 milliards de dollars serait nécessaire pour
transformer les forces américaines en une sorte de « super-force
impériale», qui prendrait le commandement de la «révolution des affaires
militaires». Cependant, le PNAC avait bien conscience des difficultés à
affronter avant d’atteindre cet objectif : «Le processus de transformation
sera probablement long, sauf événement catastrophique déclencheur, du
genre d’un nouveau Pearl Harbor» (p. 21). Thomas Donnelly, principal
auteur du rapport, travaille actuellement pour la société Lockheed Martin.

Lorsque Bush est arrivé au pourvoir, accompagné de Dick Cheney comme
vice-président, de Donald Rumsfeld à la Défense, et de Paul Wolfowitz au
poste de vice-ministre de la Défense, la théorie du PNAC est devenue la
référence en matière de défense et de politique internationale
américaines. Cette théorie a reçu l’approbation officielle de la Maison
Blanche dans un document signé personnellement par le président Bush : «La
stratégie de sécurité nationale des États-Unis d’Amérique» (septembre
2002). Entre- temps, les événements ont confirmé que les principes d’une
suprématie militaire mondiale impitoyable étaient bien appliqués.

Après le 11 septembre, ces personnes disposèrent de « l’événement
catastrophique déclencheur» et du crédit politique nécessaires pour mettre
leur programme en oeuvre. Ils purent accomplir l’une des autres tâches
fondamentales de la nouvelle armée américaine: «mener et gagner de manière
décisive les principales et multiples guerres simultanément en cours dans
le monde » (p. 4). Cette phrase terrible mérite sans doute quelques
explications.

« Les principales guerres mondiales » est un terme militaire qui désigne
les grands champs » est un terme militaire qui désigne les grands champs
de bataille, mais si vous savez déjà que vous «gagnerez de manière
décisive » avant même de partir au combat, l’effort devient une « guerre
de façade», au sens plus général de « guerre de pacotille ». Cette
rhétorique devrait sauter aux yeux de la planète entière. Selon George W.
Bush lui-même : « Qui n’est pas avec nous est contre nous». Par
conséquent, ces guerres doivent être « multiples et simultanées ». Comme
dans l’Empire romain, le «Projet d’un nouveau siècle américain » veut
imposer au monde entier une «Pax Americana », qui signifie en réalité une
«domination complète ». Le rapport PNAC n’est que l’itinéraire qui mène à
ce nouvel ordre impérial, dans lequel une méga-armée de pointe dirige «un
monde de plus en plus chaotique», à grand renfort d’interventions de choc,
de manoeuvres d’intimidation et de technique de la terre brûlée.[1]

Accusation

Nous pensons que le programme du PNAC mis en oeuvre par le cabinet de
guerre de George Bush mène tout droit à des violations du droit
international, à des milliers de victimes superflues, ainsi qu’à la
déstabilisation de la planète entière, d’un point de vue tant social que
politique et humanitaire. Il conduit à une militarisation sans précédent
du monde. Cette nouvelle hégémonie américaine est en réalité une manière
de servir les intérêts de l’industrie pétrolière et du complexe
militaro-industriel des Etats-Unis (auxquels de nombreux membres du PNAC
et proches de Bush sont étroitement liés). Cette politique menace
gravement et de manière persistante la paix mondiale. «L’acte d’accusation
» peut provisoirement être énoncé comme suit :

1 Pour en savoir plus sur le PNAC, surfez sur www.newamericancentury.org ;
un excellent dossier sur le sujet a été compilé par moveon.org (disponible
sur demande) ; consultez également les sites suivants:
www.pnacrevealed.org ou www.pnac.info

« Le Projet du nouveau siècle américain et ses membres, en particulier les
principaux responsables du PNAC au sein du cabinet Bush, ont prôné,
planifi é et commis des crimes contre le droit international et l’humanité
(sinon au sens juridique, du moins au sens éthique).»

Même si le PNAC n’est qu’une théorie et qu’à ce titre, ses membres
pourraient invoquer et invoqueront certainement la « liberté d’expression
», nous pensons que leur discours est à caractère performatif : il vise à
l’action. Il n’est dès lors plus question de liberté d’expression, mais
bien de propos qui sont sources d’actions. Ces dernières, découlant
directement du discours du PNAC et de sa transposition dans la « Stratégie
de sécurité nationale des États- Unis », signée par le président Bush
(septembre 2002), sont inadmissibles.

En voici les principales :

1) La planification d’une guerre sans la preuve du danger imminent pour le
pays concerné est considérée comme un «acte d’agression » en droit
international. Mener une telle guerre d’agression constitue une violation
claire et nette de la Charte des Nations unies.

- La doctrine de la «frappe préventive », proposée par Paul Wolfowitz dans
les Lignes directrices de la défense en 1991, est incompatible avec le
droit international, qui limite le recours à l’autodéfense aux situations
où un État a subi une attaque armée, c’est-à-dire une agression. Cette
doctrine, que le président Bush a offi ciellement faite sienne dans son
discours à l’Académie militaire de West Point (1/6/2002), constitue une
grave menace pour la paix mondiale ainsi qu’une violation du droit
international.

- L’invasion de l’Irak par les États-Unis et le Royaume-Uni équivaut à une
grave violation du droit international et de la Charte de l’ONU.

- Outre les situations d’autodéfense, la Charte de l’ONU stipule que les
États ne peuvent recourir à la force armée qu’avec l’assentiment du
Conseil de Sécurité. La Charte a institué un système de sécurité
collective, auquel l’actuelle administration américaine désobéit
ouvertement. Qui plus est, les principaux conseillers du président, comme
Richard Perle, le considèrent hors de propos, bref, comme un obstacle à
éliminer.

- Jusqu’à présent, on n’a trouvé aucune arme de destruction massive, ce
qui fait du casus belli tout entier une véritable supercherie.

2) Pendant la guerre en Irak, le droit humanitaire international a été
enfreint à de multiples occasions et violé de manière évidente et répétée
:

- L’utilisation de bombes-grappes contre les civils peut être considérée
comme un crime de guerre, car elles causent des blessures inutiles,
notamment celles qui surviennent longtemps après le cessez-le-feu.

- L’utilisation d’uranium appauvri dans les munitions et les bombes peut
être considérée comme un acte parfaitement inutile et un crime de guerre
grave.

- La chasse aux journalistes qui ne sont pas placés sous la protection des
unités américaines peut être perçue comme une guerre contre la presse
libre, donc une violation de la liberté d’expression.

- Le droit international énonce clairement que l’armée en guerre a pour
devoir d’identifi er et d’incinérer les soldats qu’elle a tués. Les
États-Unis et les forces de la coalition n’ont pas respecté cette règle.

3) Les devoirs d’une force d’occupation n’ont pas été respectés (et ne le
sont toujours pas) :

- Le fait que non seulement les bombardements massifs aient détruit le
pays, mais encore que le pillage des hôpitaux se soit poursuivi pendant
plusieurs jours, prouve bien que la coalition ne cherche pas à y mettre
fin (les soldats ont uniquement protégé les champs de pétrole et le
ministère du Pétrole). L’absence totale de protection des hôpitaux
constitue un manquement au devoir des forces d’occupation de porter
assistance aux victimes de guerre. Nous pouvons voir en cette grave
omission une infraction aux règles de guerre, puisque la législation
internationale de la guerre énonce clairement que l’occupant a le devoir
d’instaurer l’ordre et la sécurité dans le pays occupé.

- La permissivité face au pillage de tous les ministères prouve que la
coalition ne veut pas vraiment enquêter sur l’histoire de cet effroyable
régime, puisqu’elle a toléré la destruction d’un grand nombre d’archives.
Dans une certaine mesure, on peut y voir une attaque contre la mémoire
collective irakienne.

- La politique permissive de l’armée américaine et des forces de la
coalition face au pillage du musée national de Bagdad et de beaucoup de
sites importants peut être tenue pour un crime contre le patrimoine
culturel du pays et, étant donné la valeur inestimable de ces sites (comme
celui de Babylone), berceaux de la civilisation (occidentale et
orientale), pour un crime contre le patrimoine culturel de l’humanité
elle-même.

- La reconstruction de l’Irak est et sera une bonne affaire pour plusieurs
sociétés américaines : Halliburton, Kellogg Brown & Root, Bechtel. Les
revenus du pétrole irakien profiteront directement ou indirectement aux
compagnies américaines (qui sont pour la plupart des concurrentes sur le
marché pétrolier). Ceci va à l’encontre des principes les plus
fondamentaux du droit international, qui veulent que l’État responsable
d’infractions au droit ou aux règlements internationaux n’en tire pas
avantage ; il est prié de fournir des compensations pour les dommages
causés par lesdites infractions.

4) L’occupation de l’Irak par les forces américaines et britanniques est
une violation du droit international.

- Le fait que les puissances occupantes fassent partie des membres
permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU et opposeront leur veto à toute
résolution destinée à mettre fi n à l’occupation ne modifie en rien la
situation de violation permanente du droit international et de la Charte
des Nations unies, ratifiée à la fois par les Etats-Unis et par le
Royaume-Uni.

5) La « nouvelle souveraineté impériale américaine » conduit à un « État
d’exception » mondial.

La guerre en Irak n’a rien d’un événement isolé, comme on peut le déduire
à la lecture du rapport du PNAC et du cas de l’Afghanistan, sans parler
des menaces contre la Syrie et l’Iran, ni de l’idée de « punir » la France
pour son opposition à la guerre, ou encore la Belgique en raison de sa loi
antigénocide. Cette «politique unilatérale », qui débouche sur une
hégémonie planétaire telle qu’elle est énoncée dans le rapport du PNAC
(septembre 2000), puis transposée dans le « Rapport sur la sécurité »
officiel du président George W. Bush (septembre 2002) et mise en oeuvre
depuis, continuera à déstabiliser la planète sur le plan social,
économique, politique et humanitaire, et à faire des victimes inutiles.

Le rejet de toutes les autorités légales internationales qui seraient en
mesure de contrôler ou de condamner les citoyens des États-Unis, en
particulier l’opposition flagrante à l’ONU et le rejet de la Cour Pénale
Internationale, prouvent que les États-Unis négligent totalement l’ordre
légal international. Il nous semble impératif d’étudier et de critiquer
les fondements « philosophiques » (ou idéologiques) de ce « nouvel ordre
impérial » dans les travaux de Robert Kaplan, Robert Kagan, Paul
Wolfowitz, Francis Fukuyama, Samuel Huntington et consorts. Il s’avère
essentiel d’exposer les fondements du concept inédit de «domination
complète » ( full spectrum dominance) dominance [2].

Le changement de cap de la politique américaine est aussi dramatique
qu’alarmant.

Le passage du multilatéralisme à l’unilatéralisme n’a rien d’innocent.
«L’hégémonie bienveillante»[3] défendue en 1996 par les fondateurs du
PNAC, Robert Kaplan et William Kristol, est devenue malveillante. «
L’exception américaine » qu’ils défendaient s’est muée en « État
d’exception ». La souveraineté a toujours consisté en un droit à déclarer
l’état d’exception (selon Carl Schmitt[4]) ; or, il semble que la nouvelle
politique américaine cumule ces exceptions :

- De nombreux prisonniers de guerre des conflits afghan et iraquien sont
détenus sur la base de Guantanamo (Cuba), choisie car située en dehors du
territoire des États-Unis.

Par conséquent, l’administration Bush prétend que la législation
américaine concernant le traitement des prisonniers n’est pas applicable
(les pratiques de Guantanamo ont été critiquées par diverses organisations
des droits de l’homme).

- La doctrine des « frappes préventives », déjà mentionnée.

- L’abandon des accords de Kyoto sur le contrôle des changements climatiques.

- Le rejet de la Cour Pénale Internationale de La Haye.

- Le rejet du traité de non-prolifération des armes nucléaires.

- Les lois Patriot I et II qui suspendent de nombreux droits civils de base.

- L’expulsion, depuis le 11 septembre, de milliers d’immigrés installés
aux Etats-Unis depuis des années.

- L’abandon complet des chômeurs et des pauvres (dans des ghettos comme
Skid Row à Los Angeles).

Tous ces éléments concourent à prouver que « l’exception américaine » se
dirige vers un dangereux « État d’exception » (y compris à l’intérieur
même des États-Unis).

2- Un concept clé de « Joint Vision 2020 », le projet pour l’armée
américaine pour les décennies à venir, défini comme la capacité des forces
américaines à vaincre n’importe quel adversaire et à contrôler toute
situation englobant l’éventail des opérations militaires.
3- William Kristol et Robert Kagan : Toward a Neo-Reaganite Foreign Policy
– Affaires étrangères, juillet/août – Affaires étrangères, juillet/août 1996.
4- Giorgio Agamben, Homo Sacer (Paris 1997), suggère clairement que ce
nouvel ordre mondial s’appuie sur la (Paris 1997), suggère clairement que
ce nouvel ordre mondial s’appuie sur la souveraineté, soit le pouvoir de
déclarer l’état d’exception.

Conclusion : Pourquoi un BRussells Tribunal?

Il a fallu des années avant que l’opposition à la guerre du Vietnam se
transforme en mouvement de masse. La situation actuelle est différente.
Même avant la guerre en Irak, l’invasion américano-britannique était
mondialement rejetée et condamnée. La commission d’enquête à Bruxelles, et
partant le processus entier qui débouchera finalement sur le Tribunal
d’Istanbul, ne peut avoir pour unique objectif de porter le caractère
illégal de cette guerre à l’attention du public. Cet argument a déjà été
largement reconnu et débattu. Quelle est dès lors sa justification ?
Pourquoi créer ce tribunal ?

Parce qu’il est fondamental pour l’avenir du monde de résister à la
tendance de présenter la situation actuelle comme normale : or, c’est
exactement ce qui se passe et ce que l’administration Bush s’efforce de
faire.

Parce qu’il est essentiel de ne pas accepter le « fait accompli » en le
qualifiant de « Realpolitik », contrairement aux propos de certains
décideurs et journalistes européens.

Parce qu’il est important d’exprimer ce point de vue de manière explicite,
même s’il est déjà bien connu de tous, et d’affi rmer haut et clair «c’est
un crime » et «c’est une violation du droit international ».

Parce qu’il faut garder espoir. Bien des gouvernements, y compris les
autorités belges, ont tendance à renoncer et à courber l’échine sous la
pression américaine. Nous, la société civile, le peuple, nous devons
élever la voix.

Parce qu’il faut défendre la dignité humaine fondamentale, la justice et
surtout, la paix mondiale. La guerre en Irak n’était qu’une étape dans le
processus d’imposition de la « Pax Americana », par le biais de guerres
multiples et simultanées – car d’autres guerres suivront, à n’en point
douter. Plus forte sera la résistance dès le départ, plus nous aurons de
chances d’arrêter cette marée impériale. Nous sommes au bord du gouffre.
L’administration Bush espère bien nous avoir à l’usure. Une capitulation
entraînerait immanquablement un redoublement d’interventions frénétiques,
capricieuses et agressives. Pensons donc au Traité de Munich, qui a ouvert
la voie à la Seconde Guerre mondiale : voilà un précédent historique à
méditer. Les interventionnistes les plus ardents ont déjà mis au point une
kyrielle d’interventions préventives : l’Iran, la Syrie, la Corée du Nord,
la Colombie, la Libye et même la Chine. L’armée américaine ne se contente
pas de stationner, elle intervient aussi dans de nombreux pays du monde
(en Afghanistan ou au Kosovo, comme en Colombie et aux Philippines, etc.).

La Pax Americana est un nouvel ordre mondial mis au point dans l’intérêt
d’une poignée de corporations américaines. Sous la bannière de la «
démocratie » et de la « liberté », la nouvelle économie mondiale est une
source de pauvreté pour beaucoup de pays du monde en développement. Elle
ne peut qu’entraîner une résistance sans fin de la part des plus démunis.

La Pax Americana ne vivra que de la discorde, et donc de la guerre. Afin
de mobiliser les forces politiques nécessaires, l’administration Bush
attise toutes les tensions et contradictions possibles et imaginables :
l’opposition entre le monde occidental et l’Islam, entre la « nouvelle
Europe » et la « vieille Europe », entre les différents pays en
développement. Elle agit également à l’intérieur des pays, en encourageant
des penchants comme le nationalisme, le tribalisme et le fanatisme.
L’administration Bush suit donc plus que jamais la devise impériale «
diviser pour régner », et intensifie ou crée des conflits potentiels aux
quatre coins du monde.

Pour maintenir la « Pax Americana » et imposer sa « domination complète »,
l’administration Bush est en train de mettre au point une nouvelle
génération d’armes nucléaires. Ces ogives seraient capables de trouer le
blindage des centres de commande ou des sites d’armement souterrains. Ce
projet menace de brouiller la distinction entre armes nucléaires et
conventionnelles. Aux yeux des autorités américaines, ces «armes
nucléaires utilisables » rétabliront la crédibilité de la puissance
nucléaire du pays. En conséquence, le seuil nucléaire sera revu à la
baisse et les risques d’un cauchemar nucléaire iront croissants, plus
graves encore qu’aux pires moments de la Guerre froide.

Dans une courte déclaration destinée à l’Initiative du Tribunal
international d’Istanbul, John Berger indique: «Il faut conserver les
documents, et par définition, les auteurs d’exactions, loin de les garder,
essaient de les détruire : ils assassinent les innocents, ils assassinent
la mémoire.

Les preuves des crimes commis doivent alimenter l’opposition montante à la
nouvelle tyrannie mondiale. Les nouveaux tyrans, incomparablement
sur-armés, peuvent gagner n’importe quelle guerre, qu’elle soit militaire
ou économique. Or, ils sont en train de perdre la guerre (c’est ainsi
qu’ils la nomment) de la communication. Ils ne s’allient pas l’opinion
mondiale : de plus en plus de gens disent NON. Finalement, c’est ce qui
causera la perte de la tyrannie. Mais au bout de combien de tragédies,
d’invasions et de catastrophes collatérales encore ? Après avoir fait
combien de pauvres en plus ? D’où l’urgence de tout consigner, de se
souvenir, de réunir les preuves, afi n que ces accusations deviennent
inoubliables et connues de tous, sur tous les continents. De plus en plus
de gens se mettront à dire NON, car telle est la condition incontournable
pour être en mesure de dire OUI à tous ce que nous sommes déterminés à
sauver, à tout ce que nous aimons. » John Berger, 18.06.2003, Paris -
Mieussy

Partant, nous concluons qu’il existe des raisons urgentes et suffi santes
pour tenir une audition contre cette nouvelle politique impériale
(puisqu’une action en justice a peu de chances de porter ses fruits) et
explorer à la fois la théorie et la pratique de cette stratégie. C’est
pour cette raison que nous avons choisi pour cible le « Projet sur un
nouveau siècle américain ». Nous sommes convaincus qu’il y va du devoir du
peuple de la planète Terre de s’insurger contre cette politique
dangereuse, immorale et en fait criminelle : « The People vs Total War
Incorporated»

Pour plus d’informations :

Contact : info@brusselstribunal.org
Lieven De Cauter
Patrick Deboosere


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