jmm on Fri, 24 Mar 2000 01:07:57 +0100 (CET) |
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[nettime-fr] problèmes |
voir aussi http://altern.org/defense/vote/ L'assemblée nationale vote l'interdiction de l'hébergement gratuit des sites web. Résumé: Les auteurs de sites web doivent donner leur identité à leur hébergeur préalablement à toute communication publique. En l'absence d'identification les hébergeurs sont responsable des contenu. En conséquence l'hébergement gratuit sans contrepartie commerciale est condamné. ---------- De : costes <costes@worldnet.fr> Date : Thu, 23 Mar 2000 21:24:56 +0100 (CET) Objet : pas de prescription pour internet http://costes.org sujets : INTERNET - JURIDIQUE à diffuser le plus possible - merci DÉCISION DE LA COUR DE CASSATION un des fondements de la liberté d'expression ne s'applique pas à internet : PAS DE PRESCRIPTION POUR INTERNET !!! Le 21 mars, la cour de cassation a rejeté le pourvoi de l'artiste Jean-Louis Costes qui contestait une décision de la cour d'appel à son encontre qui avait jugé que, sur internet, les contenus ne sont jamais prescrits car il s'agit de "publication continue". Ces décisions de la justice remettent fondamentalement en cause le droit de la liberté d'expression en France : 1) La décision de la cour d'appel allait à l'encontre de la jurisprudence constante : c'était la première fois qu'un juge, invoquant la notion de "publication continue", remettait en cause le principe selon lequel les délits d'expression sont des délits instantanés dont le délai de prescription doit être calculé à partir de la date de première publication. 2) La décision de la cour de cassation va également à l'encontre de la jurisprudence constante : c'est la première fois qu'elle entérine une décision d'un juge niant le principe de la prescription. - Il faut savoir que la prescription (principe établissant que passé un délai de trois mois après sa première date de publication, un contenu ne peut plus faire l'objet de poursuites en justice) est un des fondements de la liberté d'expression en France depuis le milieu du 19ème siècle. - Au début du règne de Napoléon III, le délai de prescription était de trois ans; dès la fin de son règne il était de trois mois. La loi sur la presse de 1881 confirmait le principe de la prescription de trois mois en vigueur sans interruption jusqu'à aujourd'hui (sauf sous l'occupation nazie et le régime de Vichy). - Le but du législateur était de mettre les auteurs à l'abri de poursuites judiciaires à l'infini, une forme de persécution et un moyen de pression permanent qui aboutirait à la censure de fait. - Le bénéfice de la prescription a été depuis étendu à tous les médias sans exception au fur et à mesure de leur apparition (parole, presse, livre, tracts, cinéma, radio, télévision...). En bonne logique, il aurait du aussi s'appliquer à l'internet, ce qui n'est malheureusement pas le cas. Le fait que l'expression sur internet ne soit jamais prescrite tant qu'elle est en ligne est un recul extrèmement grave de la liberté d'expression : 1) les auteurs et responsables de contenus sur internet sont en permanence à la merci d'attaques judiciaires visant l'ensemble de leur site qui conduiront inévitablement à la ruine et à la fermeture de tous les site "dérangeants" et à l'auto-censure rigoureuse des sites qui accepteront la mise au pas. Avec une telle épée de Damoclès en permanence suspendue au dessus des têtes, c'en est fini de la liberté d'expression dans l'information et la culture en France. 2) De plus, l'ensemble du patrimoine culturel, historique, informationel, actuellement présent sur des médias traditionnels et protégé de la remise en cause permanente car prescrit, va être susceptible d'être poursuivi en justice à l'infini dès lors qu'il sera publié sur internet : par exemple, un film de Pasolini, une oeuvre de Sade...mais aussi les archives d'un grand quotidien, mis en ligne, pourront être interdits à tout moment et les responsables de ces publications punis! Quand on voit que l'ensemble de l'expression est en train de basculer sur internet (presse, radio, cinéma, télévision, art...), on comprend l'extrème gravité de décisions judiciaires qui auront pour conséquence la censure de fait de toute expression. Dans le cas de Costes, ces décisions contraires à la jurisprudence constante ont l'avantage de permettre à l'état et aux associations anti-racistes de poursuivre leurs actions en justice contre lui. Ceux qui veulent voir censurés le site de Costes et son oeuvre en général, et qui était génés par la prescription garantissant sa liberté d'expression, ont désormais la voie libre. Une condamnation sur le fond de Costes peut être désormais considérée inéluctable. (En effet, pourquoi faire subir des entorses aussi extraordinaires à l'interprétation de la loi, sinon dans le but de le faire condamner?) Costes risque une peine de prison ferme ou avec sursis pouvant aller jusqu'à deux ans, une amende pouvant s'élever jusqu'à plusieurs centaines de milliers de francs, l'interdiction de certaines pages de son site, voire l'interdiction du site entier...et....(le top!) une période de mise à l'épreuve de cinq ans durant laquelle il n'aurait pas le droit de produire des oeuvres similaires à celles condamnées!!! Costes en prison? Ce n'est plus de la science-fiction. _____________________________________________ #<nettime-fr@ada.eu.org> est une liste francophone de politique, art,culture et net, annonces et filtrage collectif de textes. #Cette liste est moderee, pas d'utilisation commerciale sans permission. #Archive: http://www.nettime.org contact: nettime@bbs.thing.net #Desabonnements http://ada.eu.org/cgi-bin/mailman/listinfo/nettime-fr #Contact humain <nettime-fr-admin@ada.eu.org>